Durant l'été, nous vous proposons de retrouver des <articles diffusés cette année sur le site. Aujourd'hui, un article initialement publié le 10/05/2023.
Quelques jours avant la sortie en Amérique du Nord du film consacré à sa vie, le boxeur et pasteur George Foreman a accordé une interview au magazine Charisma News dans laquelle il parle notamment du pardon et de sa conversion après une expérience de mort imminente qu’il dit avoir vécu dans les vestiaires dans la foulée d’un match.
"Big George Foreman" est un film biographique sortie dans les salles des États-Unis et du Canada le 28 avril dernier, il parle du parcours de celui qui est passé de la pauvreté à la gloire des rings avant de raccrocher, devenir pasteur puis remettre les gants. Car si Foreman est connu dans le monde pour ses titres et sa fameuse défaite face à Mohamed Ali, il l’est également aux États-Unis en tant que prédicateur.
Il aura fallu vingt ans pour que Foreman digère sa défaite devant une foule qui le haïssait à Kinshasa, dans l’ancien Zaïre – aujourd’hui République démocratique du Congo. C’est en 1994 que l’ancien boxeur haï pour sa dureté, entre-temps devenu pasteur, a pu tourner la page de l’humiliation en battant à 45 ans le champion du monde Michael Moorer âgé de 27 ans. Mais il aura fallu moins de temps pour que Big George, un homme amer, éprouve de l’amour pour Ali et tous ceux qu’il détestait.
Au cours de son entretien avec John Matarazzo pour Charisma News, Big George a expliqué son ignorance totale du pardon avant sa conversion. L’accorder à ceux dont il estimait qu’ils l’avaient blessé était inenvisageable, et haïr Ali qu’il lui eut ravi le titre était le sentiment le plus légitime qu’il crut ressentir à l’époque.
L’expérience mystique et le pardon
Après sa défaite face à Jimmy Young en 1977, le redoutable puncheur aurait vécu une expérience de mort imminente dans les vestiaires. Foreman explique à Matarazzo qu’il a "combattu la mort dans ce vestiaire" et qu’il a entendu une voix intérieure lui demandant pourquoi il avait peur de mourir s’il croyait en Dieu :
"J'avais peur et je ne pouvais combattre cela, j'ai tenté de proposer de l’argent pour sauver ma vie, j’ai entendu une voix [disant] « Je ne veux pas de ton argent, je te veux, toi ! » Et mes jambes m’ont lâché, j’étais dans un endroit sombre par-dessus ma tête, en dessous de moi ; tout autour de moi était désespoir, et il n’y avait plus de George, j’étais mort. Et je n’ai pas oublié l’odeur de la mort à ce jour."
L’ancien boxeur précise qu’il n’affirme pas qu’il s’agissait de la vraie mort, mais qu’il a dit qu’il croyait en Dieu et qu’il a alors été sauvé du néant au moment de cette confession. Il a alors bondi de la table où le médecin l’examinait et s’est précipité sous la douche en clamant : "Alléluia, je suis né de nouveau !"
Après cette expérience, Foreman a demandé pardon à Ali pour la haine qu’il avait éprouvé à son égard, et les deux hommes, l’un chrétien engagé, l’autre musulman dévot, sont devenus amis, jusqu’à se dire :
"Bye, je t’aime !" quand ils se séparaient. Big George ne s’est pas arrêté là et a demandé pardon à d’autres personnes.
Son entraîneur attribue cette expérience à un coup de chaleur. Peu importe pour Foreman qui a troqué ses gants contre une chasuble de pasteur pentecôtiste de la Church of the Lord Jesus Christ à Houston, au Texas, après un passage comme prédicateur de rue.
Cette expérience du pardon évoque celle d’un autre boxeur chrétien, Evander Holyfield, qu’affronta Foreman déjà pasteur. Lors d’un match en 1997, Mike Tyson arracha avec ses dents un morceau d’une oreille d'Holyfield qui lui pardonna :
"Vous ne serez pas pardonné à moins que vous ne pardonniez. J'ai réalisé que j'avais besoin d'être pardonné. Dieu veut que vous pardonniez."
Aujourd’hui, les deux champions sont amis.
Jean Sarpédon